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The Pan African Music Magazine
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Blick Bassy rend hommage au héros camerounais Ruben Um Nyobè dans son clip 'Ngwa'

Le clip « Ngwa » s’inspire de la fin tragique du résistant camerounais Ruben Um Nyobè, transposée dans les grands espaces d’Afrique australe. Un hommage à sa vie, et aux graines d’espoir qu’il a semées.

Un immense canyon ouvrant sur une plaine infinie, un ciel lourd de menaces, et un homme qui semble attendre son destin. C’est Blick Bassy, dans la peau d’un des militants indépendantistes camerounais qui suivirent Ruben Um Nyobè. Le leader qui défendit corps et âme l’indépendance totale du Cameroun fut exécuté par les forces coloniales françaises en 1958. C’est à son combat que rend hommage l’album de Blick Bassy, baptisé justement 1958. « Dans cette chanson, je m’adresse à Um Nyobè comme à un ami [“ngwa”], en lui disant : ‘toi qui t’es battu pour notre souveraineté, toi qui t’es battu pour que nous puissions être debout aujourd’hui, tu es mon ngwa, mon ami. »

Le clip, tourné au Lesotho, met en scène ce combattant isolé fuyant une horde de cavaliers lancés à ses trousses. À cheval et en habits médiévaux, ils semblent surgis d’un autre temps. Tout comme le costume de Blick Bassy, qui combine veste et bottes rangers rappelant l’époque de la lutte pour l’indépendance, mais aussi des peaux évoquant l’univers culturel d’Afrique australe où le clip est tourné. La traque dont il est victime rappelle, bien sûr, celle d’Um Nyobè, et des flashbacks, comme des souvenirs, viennent rythmer cette course que l’on sait d’avance fatale. On y voit le combattant s’arrêter en forêt pour ramasser un tubercule (qui entre dans la composition des armes de défense mystique que les guerriers d’autrefois employaient), demander la bénédiction des grands initiés et, au cours d’une réunion secrète, décider de son destin. « Il refuse, explique Blick Bassy, cette indépendance que d’autres ont acceptée, comme Ahidjo [le premier président du Cameroun], et nous vivons toujours dans cette indépendance partielle aujourd’hui. »


Mais si le clip raconte métaphoriquement la traque du leader indépendantiste camerounais, il est aussi une métaphore du chemin que doit suivre l’Afrique pour se libérer. Et il passe, c’est un thème cher à l’artiste, par la reconnexion de l’Afrique avec elle-même. À commencer par son histoire, ses racines. Et sa profonde connaissance de la nature. « Nos ancêtres avaient compris une chose : il n’y a pas l’écologie d’un côté, et nous de l’autre. Nous sommes un élément de la nature, et nous faisons donc partie de l’écologie. Moi j’ai grandi au village, c’est ce que mon grand-père m’enseignait. »

La force du guerrier, c’était de connaître les secrets de la nature (d’où le tubercule) et grâce à eux, de pouvoir accéder – stade réservé aux initiés — au « ngué », une dimension mystique qui vous rend invisible aux yeux de vos ennemis. L’artiste déplore l’oubli et pire, le rejet de ces savoirs anciens : « nos magies naturelles ont été mises dans le même sac que la sorcellerie. » Connaître ces secrets, connaître l’histoire de ses héros, c’est être soi-même et pouvoir construire l’avenir. « Nos jeunes ne savent même pas d’où ils viennent, et beaucoup essayent de devenir des avatars de ce qu’ils voient en Occident », ajoute le chanteur. Ce constat, Blick Bassy le partage avec le réalisateur, Tebogo Malope dit Tebza qui, né sous l’apartheid, a décidé de faire le tour du continent pour mieux le comprendre, mieux s’y reconnecter justement. Après avoir longuement discuté avec son « ngwa » Blick Bassy, il lui a proposé ce scénario, et les splendides images qui soulignent à merveille la puissance de la chanson. Il y a ajouté ses propres références. La fin du clip, inattendue, est elle-même une métaphore. On vous laisse la découvrir, mais elle renvoie, dit Tebza « à Salomon Mahlangu, cette icône politique sud-africaine tuée par le gouvernement de l’apartheid, dont les derniers mots furent : “Mon sang nourrira cet arbre qui portera les fruits de la liberté” ». Un parallèle limpide avec la figure d’Um Nyobè, et sur les fardeaux partagés dont l’Afrique doit encore se libérer.

Écoutez « Ngwa » de Blick Bassy dans notre playlist Noir Wave sur Spotify et Deezer.

Lire ensuite : Blick Bassy : « Il est important que l’Afrique se reconnecte avec son histoire »

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